L’infrastructure d’Internet s’est construite sur le même modèle de service public démocratique que les systèmes de traitement de l’eau, les routes, un système éducatif relativement bon, la santé, et une protection sociale et économique pour de larges groupes de personnes.
Quelle forme prendra l’internet des objets, mondialisé et omniprésent si les citoyens peuvent fonctionner de manière parallèle en partageant et achetant de l’énergie au travers de systèmes comme Pachube ou les réseaux sociaux, utilisant ainsi des services privés alors même que les services publics ont été vendus ? Il sera très important d’aider les institutions, corporations et organismes publics contemporains à se transformer sereinement vers un modèle connecté de données ouvertes, de feedback direct, avec totale visibilité des circulations monétaires, et de budgétisations participatives (avec disons 25% consacrés à l’innovation dans votre rue et quartier). Nous pensons que l’internet des objets pourrait s’avérer extrêmement utile en rendant les innovations directement visibles dans la rue via son aménagement et des applications mobiles.
Nous avons à peu près autant besoin de nouvelles notions de protection de la vie privée, que nous avons besoin de notions et d’outils pratiques pour construire des communautés et des solidarités.
La course est lancée et la compétition ne se place pas au niveau habituelle de la chaîne de valeur. Pour les grands intégrateurs mondiaux (SAP, Siemens, IBM/Cisco…) il est clair qu’il y aura émergence d’une nouvelle chaîne de valeur lorsque tous les objets seront pucés, logués et tracés (à peu près comme le code barre d’aujourd’hui). Un niveau de service se construira là-dessus, probablement grâce aux opérateurs de téléphonie mobile qui offriront des offres de filtrage à leurs clients comme ils le font déjà avec le sms/gsm. Plus vous payerez plus la recherche de données sera adaptée à vos nécessités. Dans un monde où l’on vous relance constamment lorsque vous n’avez plus de crédits, il sera préférable d’avoir de bons filtres. Cela pourra être un tableau de bord municipal (IBM/Cisco) ou un tableau de bord de la rue et du quartier (open gov, open source). La limite et la portée ultime de l’internet des objets est l’idée d’une Planète Capteur où tous les processus naturels seraient captés par d’immenses grilles distribuées de captation et auraient leur équivalent dans la noosphère (cloud computing). L’hypothèse est que nous pourrons analyser et prédire comme nous pourrons agir et prévenir. Imaginez cette grosse planète ronde flottant dans l’espace, attelée et dirigée selon différentes directions. Vous pourriez en quelque sorte dire dire que ces notions de Planète Capteur et de Ville Intelligente transforment la terre en un vaisseau spatial. La question est : qui est sera aux commandes ?
Rob van Kranenburg (1964) est un spécialiste des stratégies de médiation et d’innovation des pratiques de design et de création artistique reliées aux nouvelles technologies, essentiellement dans ce qui concerne l’internet des objets, la relation entre le formel et l’informel en politique économique et culturelle, et les nécessités de construire une économie culturelle durable et un système politique productif pour le 21ème siècle. Il a travaillé à l’Université de Gand avec le Professeur Ronald Soetaert, à l’Université d’Amsterdam avec le Professeur Elsaesser, à de Balie avec Andrée van Es, Doors of Perception avec John Thackara, Virtueel Platform avec Cathy Brickwood et a enseigné divers modules dans des formations de diplômes et post-diplômes dans des écoles d’art et de design. Il a fondé Council, un think tank pour l’internet des objets qui cherche à porter cette dernière perspective au coeur du débat. Il est diplômé avec mention en Langage et Littérature à l’Université de Tilburg (1988). En tant que membre du Lectorat Ambient Intelligence il travaille actuellement avec le Professeur Ben Schouten comme manager du projet européen PEOPLE, SHAREIT qui se consacre à l’intégration et le numérique. Il est co-fondateur de Bricolabs. Il travaille sur une initiative parisienne qui sera lancée bientôt : CKAB.
